L’achat ou la réparation d’un appareil de chauffage au mazout seront bientôt interdits par Québec. Voici des solutions économiques (et écologiques) pour vous garder au chaud. Et les subventions offertes pour en profiter.

 

l vous a peut-être rendu de fiers services pendant des années, mais vous devrez tôt ou tard dire au revoir à votre système de chauffage au mazout en raison d’un règlement provincial qui entrera en vigueur à la fin de 2023. Il vous faudra alors vous tourner vers une autre source d’énergie, pas le choix. Vous trouverez ici des solutions pour le remplacer sans vous ruiner.

Sachez d’abord que ce règlement du gouvernement du Québec vous permet de continuer à utiliser votre système au mazout tant qu’il est fonctionnel. Mais à compter du 31 décembre 2023, les réparations majeures seront interdites si l’appareil a plus de 20 ans. Cela inclut, par exemple, la réparation ou le remplacement de la chambre de combustion ou de l’échangeur de chaleur.

Vous ne pourrez pas non plus le remplacer par un autre appareil au mazout ou fonctionnant à l’aide d’un autre combustible fossile, comme le gaz naturel. Bref, ses jours sont comptés.

Si Québec vous force ainsi à passer à un système alimenté par une énergie renouvelable, c’est pour des raisons environnementales. Le gouvernement estime que les quelque 200 000 ménages québécois qui possèdent encore un appareil de chauffage au mazout génèrent environ un million de tonnes de CO2 par année, soit l’équivalent de 300 000 voitures à essence.

Johanne Labrecque, une lectrice de Dollars et cents, ne comprend pas la logique du gouvernement. Elle affirme que son système biénergie (électricité et mazout) lui permet d’économiser près de 2 000 dollars par année en profitant d’un tarif avantageux d’Hydro-Québec et en réduisant sa consommation d’électricité quand il fait très froid, comme le demande la société d’État.

Changer tout cela coûtera des milliers de dollars, s’inquiète-t-elle, sans compter que sa facture d’électricité pourrait augmenter. « Nous sommes deux retraités et nous n’avons pas des revenus de 100 000 dollars par année », lance-t-elle.

Je ne peux pas modifier le règlement en vigueur, Johanne, mais je peux au moins présenter les solutions de remplacement les plus économiques (qui varient selon les installations en place dans votre maison), ainsi que les aides financières offertes.

Fournaise électrique et thermopompe centrale

Si vous avez déjà des conduits de ventilation, la combinaison fournaise électrique-thermopompe centrale est le choix logique, selon tous les experts consultés. Vous pourrez ainsi maximiser l’efficacité énergétique de votre système de chauffage, réduire votre facture d’électricité et toucher de généreuses subventions gouvernementales.

La thermopompe — plus efficace que la fournaise — fonctionne jusqu’à une certaine température, puis la fournaise prend le relais quand il fait trop froid. Et puisque les thermopompes sont plus performantes qu’elles ne l’étaient, les économies d’énergie peuvent être intéressantes, fait remarquer André Trudel, directeur des ventes chez Confort Expert, une entreprise montréalaise de climatisation et de chauffage résidentiel. « Depuis quelques années, certaines thermopompes peuvent fonctionner jusqu’à -30 oC ! »

Selon Daniel Matte, président de Climatisation-chauffage Bellechasse, un système fournaise électrique-thermopompe peut coûter de 9 000 à 15 000 dollars (installation comprise). Vous pouvez cependant toucher jusqu’à 6 275 dollars de subventions gouvernementales, soit jusqu’à 5 000 dollars de la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes et un maximum de 1 275 dollars du programme québécois Chauffez vert, pour le remplacement d’un système de chauffage au mazout ou au propane par un système alimenté par une énergie renouvelable — à condition, bien sûr, de respecter tous les critères de ces programmes.

Certaines villes offrent aussi de l’aide financière. Si vous habitez à Laval, par exemple, vous pouvez également réclamer une subvention supplémentaire pouvant atteindre 2 000 dollars.

Un Lavallois possédant une maison individuelle chauffée exclusivement au mazout qui achèterait un système à 9 000 dollars ne débourserait donc que 725 dollars. Pas mal moins cher que de se procurer une nouvelle fournaise au mazout !

Fournaise électrique

Pour limiter les coûts de remplacement de votre système de chauffage, vous pouvez vous contenter d’une fournaise électrique. « Pour quelqu’un qui a déjà des conduits de ventilation dans sa maison, changer le brûleur au mazout pour un élément électrique est relativement abordable », affirme Mathieu Carle, expert technique en efficacité énergétique chez Expertbâtiment, une entreprise établie à Québec, Joliette et Saint-Jérôme, qui offre notamment des services d’évaluation de la performance énergétique des bâtiments.

L’achat d’une fournaise électrique de 15 kW pourrait, selon lui, vous coûter environ 4 200 dollars (installation incluse), somme de laquelle vous pouvez déduire jusqu’à 1 275 dollars du programme Chauffez vert. Il faut toutefois considérer qu’une fournaise électrique seule consomme généralement plus d’électricité que si elle est combinée à une thermopompe, et donc que votre facture mensuelle d’Hydro-Québec s’en ressentira.

Accumulateur de chaleur (avec ou sans thermopompe)

Moins connu que les précédents, le système de chauffage électrique central avec accumulateur de chaleur est une option coûteuse à l’achat, mais potentiellement avantageuse à long terme. « Des briques accumulent la chaleur, et au besoin, en période de pointe, les clients peuvent se servir de la chaleur accumulée pour se chauffer », explique Daniel Matte, de Climatisation-chauffage Bellechasse. On peut coupler ce système avec une thermopompe pour le rendre encore plus efficace sur le plan énergétique.

Le duo accumulateur de chaleur et thermopompe centrale coûte de 24 000 à 30 000 dollars (installation comprise), précise Daniel Matte. Vous pouvez toutefois compter sur d’importantes subventions : Hydro-Québec offre 10 000 dollars jusqu’au 30 juin 2023, somme à laquelle s’ajoutent jusqu’à 5 000 dollars de la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes et un maximum de 1 275 dollars du programme Chauffez vert. Autrement dit, un système payé 24 000 dollars pourrait vous coûter 7 725 dollars.

Pendant l’hiver, le tarif Flex D d’Hydro-Québec fait que vous payez votre électricité moins cher que la majorité des Québécois en dehors des périodes de pointe et plus cher lors des périodes de pointe, lorsque la chaleur accumulée vous réchauffe et que votre demande d’électricité diminue.

« Le client sera en mesure de rentabiliser son investissement sur quelques années grâce aux économies d’énergie, mais ce sera un peu plus long que dans le cas d’une fournaise et d’une thermopompe centrale », affirme Mathieu Carle, d’Expertbâtiment.

Systèmes muraux

Si vous n’avez pas de conduits de ventilation, vous pouvez vous tourner vers les plinthes électriques ou les convecteurs muraux, dont le prix varie selon la superficie de l’habitation et le nombre d’appareils à installer (généralement de 100 à 400 dollars chacun, sans l’installation). Là encore, vous pouvez réclamer jusqu’à 1 275 dollars du programme Chauffez vert. Peu coûteuses à l’achat, les plinthes sont cependant énergivores. Votre facture d’électricité sera plus élevée qu’avec les autres options.

Pour bénéficier d’un système plus performant — et de plus généreuses subventions —, considérez plutôt la thermopompe murale. « Les gens associent beaucoup la thermopompe murale à la climatisation, mais ils oublient qu’elle sert aussi à chauffer, souligne André Trudel. Elle sera plus économique que les plinthes électriques jusqu’à une certaine température. Et comme les thermopompes centrales, certaines fonctionnent jusqu’à -30 oC. »

Le coût d’une thermopompe murale peut osciller de 3 000 à 5 000 dollars (sans l’installation), selon le site de soumissions de rénovation RénoAssistance. Le programme Chauffez vert s’applique et le montant de la subvention fédérale varie selon la thermopompe que vous choisissez dans la liste des appareils admissibles.


À considérer au moment de changer votre système

  • Subventions
    Assurez-vous de suivre la procédure de chaque programme pour éviter les mauvaises surprises. Par exemple, la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes exige la visite d’un conseiller avant les travaux, tandis que le programme Chauffez vert requiert seulement des factures et des pièces justificatives. « Malheureusement, on voit tous les jours des gens qui ont fait installer leur système et qui ne sont pas admissibles parce qu’ils n’ont pas respecté un des critères du programme de subvention », affirme Mathieu Carle, d’Expertbâtiment. Ces deux programmes sont en vigueur jusqu’en 2027 et 2026 respectivement. On ignore s’ils seront reconduits par la suite.
  • Retrait du réservoir de mazout
    Vous devez prévoir quelques centaines de dollars pour le retrait de votre réservoir de mazout, estime André Trudel. Certaines entreprises de climatisation-chauffage (comme la sienne) incluent ce coût dans leur contrat et vous débarrassent de l’appareil, d’autres non.
  • Panneau électrique
    En passant d’un système au mazout à un système électrique, il se peut que vous ayez à modifier votre panneau électrique ou à le changer complètement. Selon Mathieu Carle, ces travaux peuvent vous coûter de 1 000 à 2 000 dollars.

Voir l’article: https://lactualite.com/finances-personnelles/la-fin-du-mazout-quel-systeme-de-chauffage-choisir/